Noir, la couleur de l'espoir
Difficile de passer à côté, du moins quand on habite à moins d'un plein d'essence de leur frontière: c'est aujourd'hui jour d'élections aux États-Unis.
Traditionnellement ces dernières années, c'était pour moi l'occasion d'écouter un bon film en soirée, de regarder le journal le lendemain et d'être dégoûtée que les Américains aient élu George W. Mais cette fois, il se passe une chose dont on ignore encore si elle sera formidable ou catastrophique... ma soirée, je la passerai donc assise sur le bout de mon divan, à suivre avec angoisse les résultats de l'élection présidentielle au fur et à mesure qu'ils seront disponibles.
J'angoisse parce que Miss Alaska, connue pour ses paroles célèbres comme "Drill Baby Drill" et "passe-moi le fusil de chasse, chéri, je vois un russe par la fenêtre" pourrait devenir présidente (heureusement, il faudrait pour ça qu'un homme de 72 ans à la santé défaillante passe dans l'au-delà... ouf, ça ne risque pas d'arriver!). J'angoisse aussi parce que je n'ose pas imaginer ce qui arriverait dans les rues si Obama, avec tout le soutien populaire dont il jouit, n'était pas élu.
On parle quand même du pays qui a acquitté, en 1992, 4 policiers blancs qui avaient été filmés en train de battre tout à fait gratuitement un noir, Rodney King. Je ne crois pas que mon angoisse soit totalement injustifiée: beaucoup de gens seront à jamais incapables de voter pour un noir.
Le racisme est la forme de violence qui me fait le plus peur, parce qu'elle n'a aucune base raisonnable. Il est donc pratiquement impossible de la combattre. Les blancs qui haïssent les noirs, les chrétiens qui haïssent les musulmans le font sans le moindre fondement logique, alors comment espérer les ramener à la raison? L'an dernier ma fille nous a raconté tout à fait innocemment que XX (une amie de sa classe) n'aimait pas les noirs. La raison: son père ne les aime pas. Il dit qu'ils sont méchants. Mon mari, Patient Papa, qui a longtemps travaillé en Afrique noire, était presque noir de rage lui-même en entendant ça.
Nous habitons, je le rappelle, un quartier multi-ethnique. Des noirs, il y en a des dizaines à l'école et je peux vous assurer qu'ils ne sont pas plus méchants que les blancs...
Dieu merci, mes enfants n'ont pas d'opinion préconçue quant à la couleur de peau ou les origines de leurs amis. Ki-Wii n'a même pas encore acquis, je pense, le concept de races. Parfois quand je lui demande de décrire quelqu'un, il me donne comme indication "il a la peau marron". Mais beaucoup d'enfants subissent encore aujourd'hui l'influence de leurs parents bornés occupés à construire la prochaine génération de racistes. Pas juste aux États-Unis, mais juste à côté de chez moi...
Alors j'angoisse.