Les 5 minutes les plus longues de ma vie
Je sais, je sais, vous êtes tous là devant votre écran et vous vous dites "enfin, Docteur Maman a publié sa recette, je vais pouvoir me fabriquer de délicieux biscuits aux pépites de chocolat en quelques minutes et me délecter!"
Eh bien non. J'ai eu une journée traumatisante, et il me faut décompresser. La recette devra attendre. Vous finirez par croire qu'elle n'existe pas vraiment et pouf! au moment où vous vous y attendez le moins, elle apparaîtra comme par magie.
Pour l'instant, je suis encore en état de choc après avoir frôlé la mort tout à l'heure. Et je vous assure que ce n'est même pas ironique. J'ai appelé le 911 et pendant de longues minutes, pendant que j'émettais d'horribles gargouillis dans mes tentatives pour communiquer avec le monsieur, très calme mais alerte, qui était comme le fil me retenant à la vie en me promettant que l'ambulance était en route, j'ai vraiment, vraiment cru mon dernier instant arrivé.
Je regardais mes enfants, Ki-Wii au regard perplexe qui ne comprend toujours pas (et puisse-t-il ne jamais le faire) ce que mourir veut dire, Lili Tiger aux yeux inquiets qui insistait pour que je boive de l'eau, sans que je puisse sacrifier le moindre souffle pour lui dire que je ne pouvais pas, justement, avaler, je les regardais et je me disais que j'étais en train de leur infliger une terrible souffrance: ils allaient être témoins de ma mort. En l'écrivant, j'en ai encore les larmes aux yeux. Je respirais par à-coups, avalant un filet d'air toutes les quelques secondes, repoussant la panique du mieux que je pouvais.
Au moment même où j'entendais la sirène et devinais par la fenêtre la lumière des gyrophares, le miracle s'est enfin produit: à force de tousser, de vomir et de cracher, j'avais fini par faire bouger l'intrus juste assez pour qu'il finisse par être avalé. J'avais la gorge en feu, mais enfin je pouvais respirer l'air à grands goulots et me dire que cette fois-ci, ça n'était pas encore mon tour.
En regardant par la fenêtre, j'ai vu que c'étaient les pompiers de la caserne voisine qui étaient là, en leur qualité de premiers répondants, et j'ai eu un instant, très bref, de regret, à l'idée de ne pas avoir eu l'occasion de me faire faire la manoeuvre de Heimlich par un de ces séduisants monsieurs (je crois que c'est un pré-requis dans leur profession). Je leur ai dit que ça allait maintenant, ils ont compati à mon teint de craie, à la voix rocailleuse qui émergeaient péniblement de ma gorge et aux larmes qui coulaient sur mes joues, puis j'ai refermé la porte... et je me suis effondrée en sanglots. Je vous jure que de toute ma vie, je n'ai jamais eu aussi peur. Et pourtant, de la vie, j'en ai vu.
Le pire dans tout ça, c'est que vous avez failli me perdre!!! Imaginez votre terrible deuil si ça avait dû arriver!
Et puisqu'il faut en rire, je vous mets au défi de deviner avec quoi je me suis étouffée au point de presque y laisser ma peau. Celui qui réussit à trouver gagne... une recette de biscuits.