Le fromage de mon pays
Je ne sais pas si les échos de cette crise se sont rendus jusqu'en Europe, mais nous vivons au Québec une attaque en règle de la sournoise bactérie listeria. Cette méchante se promène de fromage en fromage, esquivant habilement les monsieurs du MAPAQ qui la pourchassent, et sème la terreur dans la population. Jusqu'ici, 28 québécois ont développé la listériose, dont un qui en est mort.
Personnellement, j'avoue me promener dans cette tempête en toute insouciance et ne pas faire plus attention qu'il faut en achetant mes fromages. Je ne fais pas partie d'un groupe à risque, alors je me dis que même si par la plus grande des malchances je tombais sur un fromage contaminé, je n'en mourrais pas. Cependant, je lis et j'entends presque tous les jours des reportages sur les petits producteurs de fromage qui risquent la faillite parce que non seulement plusieurs de leurs produits ont été détruits par mesure préventive, mais les consommateurs, consciemment ou non, sont emportés par le vent de psychose qui souffle en ce moment et boudent les fromages québécois.
Or nous avons la chance, depuis quelques années au Québec, d'avoir accès à une multitude de fromages délicieux fabriqués ici. J'adore le fromage, en particulier celui d'ici, et je ne veux pas du tout que tous ces petits délices auxquels je me suis habituée me soient retirés parce que leurs fabricants font faillite. Dit comme ça, je me sens un peu égoïste mais je vous assure que je pense aussi aux producteurs de fromage qui en quelques années ont transformé le paysage québécois. Avant, un fromage devait être français pour être accepté des connaisseurs. Plus maintenant. Ceux qui ont changé ça sont mes petits héros à moi, et je voudrais pouvoir les aider.
(Au moment même où j'écris ces lignes, et c'est une coïncidence totale, Daniel Pinard parle exactement de la même chose à Tout le monde en parle, et il est encore plus émotif que moi. Je sens aussi qu'il a un public légèrement plus grand que le mien... mais ça ne veut pas dire que je ne puisse pas faire ma petite minuscule part!!!)
Alors voilà, j'ai décidé de goûter chaque semaine un fromage québécois différent et de vous dire à quel point il est bon (ben oui, parce que moi n'est-ce pas, je l'ai dit déjà, j'aime tout ce qui se mange). Pour ce faire, je mets en péril ma taille de jeune fille si nouvellement retrouvée, alors j'aimerais quand même souligner la bravoure dans le geste, s'il vous plaît!
Même si certains fromages, comme ceux au lait cru, sont plus touchés par les événements des dernières semaines, il s'agit ici d'un geste symbolique motivé par mon amour des fromages québécois en général alors j'ai bien l'intention de toucher à tout. Demain, je vous parlerai donc du fromage Le fin Renard, de la fromagerie Bergeron. Je vous dirai qu'il est délicieux, c'est sûr: j'y ai déjà goûté!